NAUFRAGE DE L'ANSE DU SAC'H
Le Jean Germaine issu du même chantier - Ouest France |
Nous sommes le 28 juin 1938 en fin de journée - L'Anse du Sac'h A 5095...dundee thonier, tout frais sorti de ses réparations - peinture fraîche, gréement neuf - passe la barre pour la première marée de thon: l'équipage est composé du patron, Julien Le Gal, Larmor en Belz et de Albert Laurec, Saint Hélène, Jean Jaffré, Plouhinec, Pierre Mollo, Riantec, Auguste Martin, Riantec et Jean Guillevin, Locoal.
Le vent souffle fort de suroît, le remorqueur Ville D'Etel a du mener les bateaux sortants à la barre.
Vers 21 heures, une voie d'eau s'étant déclarée, le bateau fait retour devant la barre et demande assistance au remorqueur qui se rend près du dundee mais, à cette heure, la mer est basse, impossible - sous risque d'échouer - d'envisager un remorquage, il continue seul vers Port Louis, le remorqueur ayant refusé de l'y mener.
L'équipage manœuvrait les deux pompes à tour de rôle et s'épuisait déjà, le patron cherchait un endroit où se mettre à l'abri du côté de Gâvres - Port Louis: à un moment, selon le dire du patron du remorqueur, le bateau aurait viré de bord pour se diriger à nouveau, vent arrière, vers la barre puis, aussitôt, pris à nouveau le large vers Port Louis, il se passait quelque chose puisque, à nouveau, la boule noire de détresse fut hissée: l'eau montait à bord, la nuit tombait de même que la brume.
Peu après, voyant les brisants, le patron mouilla une ancre qui, malgré une chaîne de 75 mètres, dérapa, le bateau s'est alors drossé sur les rochers du Magouéro et a coulé une heure après.
Deux hommes se jetèrent à la mer, espérant pouvoir rejoindre la côte, trois autres les suivent, ils seront tous emportés; le patron, lui, est monté dans la mature et a pu s'accrocher au mat jusqu'à épuisement.
Ce matin là, la Marine de Groix reçut deux messages annonçant le naufrage et la position d'un homme agrippé au mat. Aussitôt, le syndic des gens de mer songea à sortir le canot de sauvetage mais, le port étant encombré par de nombreux dundees en partance, dut y renoncer; c'est alors que Pierre Tonnerre, sous-patron du canot demanda à Henri Calloch de mettre sa vedette Le Kerlivio à disposition.
Un équipage fut immédiatement formé et fut sur les lieux du naufrage vers 10H30 en plein milieu des brisants: avec les difficultés, le courage et l'abnégation qu'on imagine, Julien Le Gal fut dégagé, mis en sécurité à bord et la vedette fit retour vers les 13 heures où il fut hébergé chez M. Calloch puis soigné par le Docteur Romieux.
Il ne faut pas omettre de signaler que le moteur du canot de sauvetage de Groix, au cours d'un essai, prit feu quelques jours après notre événement: M. Pierre Tonnerre et M. Joseph Collobert furent atteints par des jets de flamme provoquant des brûlures au visage et aux mains.
La mer rendit peu à peu les corps des marins naufragés, laissant leurs veuves et leurs orphelins dans la peine, comme il est usage de dire, l'épouse de M. Le Gall le rejoignit à Port Tudy et la vie, si on peut dire, reprit son cours.
Ce post a été rédigé au seul vu de la presse ici jointe, espérant ne toucher ni indisposer personne, me contacter autrement.
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