LOCOAL..Une bavure en 1834!!! Une autre en 1849!!!

Eglise de Locoal
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Journal La Quotidienne du 25 septembre 1834
Samedi 6 septembre 1834, les habitants de la presqu’île de Locoal furent effrayés à dix heures du soir par des coups de fusil qui ne discontinuèrent pas toute la unit. On sut le lendemain que des gendarmes avaient tiré sur un habitant qui pêchait au fallot - à la lanterne -  et qu’ils l’avaient heureusement manqué.
Au point du jour, plusieurs maisons furent cernées et les paisibles habitants sommés d’ouvrir leurs portes par une troupe de gendarmes, commandée par un officier et accompagnée du maire de Mendon.
Guillaume Gohébel , du village de La Forest, reçut ordre du commandant de livrer, sous peine d’être mis en prison, des poudres et des armes qu’il n’avait jamais eues. Son domicile fut aussitôt envahi, fouillé, ainsi qu’un champ voisin et un pignon de sa maison qui est en partie démoli.
Pendant ce temps, une autre troupe de gendarmes investissait la maison de Jérôme Le Baillou, cultivateur au bourg de Locoal, traité de brigand, de chouan et sommé de remettre les armes et les munitions dont il devait être dépositaire. 
Baillou, qui était encore couché, demanda inutilement le temps de se lever et de se vêtir, il fut brutalement saisi et entraîné hors de sa maison que des gendarmes se mirent aussitôt à fouiller, tandis que d’autres le traînaient, violemment, dans les restes d’un vieux couvent attenant à sa demeure et appartenant à Mme Piquet, veuve du général de ce nom. 
Baillou représenta en vain au maire et au commandant, présent à ces violences, que la loi veut que le propriétaire et l’autorité locale soient présents à la visite d’un domicile : ce magistrat et l’officier de gendarmerie le laissèrent entre les mains des gendarmes, dont une partie était dans un complet état d’ivresse, et ils s'en furent présider à d'autres dévastations chez Gohébel. 
Baillou renouvela ses sollicitations pour entrer dans sa maison et aller an moins rassurer, par sa présence, sa vieille tante octogénaire, et ses six petits enfants. Les gendarmes, pour faire finir, dirent-ils, des supplications dont ils étaient fatigués et être en repos, eurent l’indignité de l’attacher à un arbre de la cour, les bras liés derrière le dos : ils posèrent le bout de leurs fusils sur la poitrine de ce malheureux, en lui annonçant qu’il allait être fusillé ou pendu à l’arbre auquel il était attaché, s’il ne déclarait les armes dont il devait connaître le dépôt, s’il n'en était pas lui-même le dépositaire. 
Baillou, quoique fort effrayé, ne répondit que par un noble silence aux injures et aux menaces dont il était accablé. Alors  commencèrent les dévastations... Un bois de lit est brisé et jeté dehors; les pavés sont enlevés au rez-de-chaussée; le plancher du grenier de madame Piquet est brisé et le grain tombe sur les gendarmes qui dépavaient au dessous. Une fosse énorme est creusée dans l'emplacement d’une ancienne (fosse) condamnée depuis longues années. On creuse de tous côtés et les gendarmes répondent aux représentations des domestiques de Baillou par de sales injures et des menaces de leur faire subir le sort de leur maître. Le supplice de celui-ci dura quatre heures, et, en le quittant, ces hommes qui abusent si cruellement de leur force et de la faiblesse de paysans inoffensifs, l’accablèrent de nouveau d’injures et lui firent entendre d’affreuses menaces, si l’on découvrait qu’il eût connaissance de ces prétendus dépôts, cherchés si inutilement dans Locoal.



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La Gazette du Languedoc du 15 septembre 1849
Un fait inouï, rapporte la Bretagne de Vannes, s’est passé, dimanche dernier 2 septembre 1849 , dans la commune de Locoal. 
Il a trop d'importance par lui-même pour que nous le passions sous silence et n’appelions sur cet abus du pouvoir qui pourrait avoir les résultats les plus déplorables toute l’attention de l’autorité supérieure. 
Dès le matin, la presqu’île de Locoal était occupée par une quarantaine de gendarmes, à la recherche du nommé Le Guennec, réfractaire, compromis, dit-on, dans l’affaire de Pont-Sal. Le Guennec, que cherchaient les gendarmes, était très probablement dans un autre endroit; personne ne l’avait aperçu dans la commune, ni dans les environs. Mais, ce qui est incroyable , c’est que messieurs les gendarmes, en apercevant un braconnier qui s’enfuit à leur approche, ne le poursuivirent pas, mais lui tirèrent successivement douze coups de fusil qui fort heureusement, ne l'atteignirent pas. Messieurs les gendarmes, aussi vexés sans doute de leur insuccès que de leur maladresse , poursuivirent leur œuvre toute dictatoriale, en faisant, sans autorisation aucune , et sans l’assistance d'un magistrat, des perquisitions, et en enlevant du domicile de certains habitants des armes dont ils n'avaient pas le droit de s’emparer. Puisque nous vivons sous le règne de la liberté , il nous semble qu’elle doit exister pour tout le monde; que les métayers du Morbihan ont bien, comme tous les autres citoyens, le droit d’avoir chez eux un fusil pour se défendre contre les voleurs, les incendiaires et même contre les apôtres du socialisme qui d’un jour à l’autre peuvent venir leur demander la bourse ou la vie, et messieurs les gendarmes doivent, avant tout, au nom de la liberté et de la constitution, se renfermer dans la loi. On a donné, il est vrai, à messieurs les gendarmes du Morbihan des fusils tout spéciaux , avec lesquels ils doivent tirer très juste, mais cela ne nous parait pas une raison suffisante pour faire feu sur un homme comme sur un perdreau, et pour coucher en joue (ainsi que cela est arrivé) des chasseurs paisibles, munis de leurs permis de chasse. Que messieurs les officiers de gendarmerie veuillent bien nous répondre à ces simples questions : 
Un gendarme a-t-il le droit de tuer le premier individu venu, lorsqu’il suppose qu’il peut être coupable d’un crime ou d’un délit, sans même s’assurer de son identité et sans chercher à le saisir ? 
Un gendarme, sans délégation du parquet, et sans même l’autorisation du maire de la commune, a-t-il le droit de violer le domicile d’un habitant, d’y faire une perquisition et d’en enlever les objets qui lui paraissaient suspects, contrairement à l’article de la constitution qui déclare inviolable le domicile de tout citoyen français? » 
Voilà des faits patents, avérés, qui viennent de se passer dans notre département et qui ont été accomplis au nom de la liberté, de légalité et de la FRATERNITÉ. Si messieurs les officiers de gendarmerie ne veulent pas résoudre nos questions, au nom du droit des gens, île la liberté et de la constitution, nous les soumettrons à l’Assemblée nationale et au président de ta République, qui daigneront nous répondre et se feront un devoir de garantir les droits et la vie de paisibles laboureurs, contre les abus de pouvoirs et les empiétements de la gendarmerie du Morbihan.
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