PONT LOROIS...Il suffit de passer le pont...
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| Le Pont Lorois |
...Oui, comme le chantait Georges Brassens, il suffit de passer le pont...une fois [re]construit et les riverains s'y sont vite accoutumés comme d'un bras de terre menant à l'autre rive.
Comme déjà écrit ici, le pont a eu une vie pour le moins trépidante, je ne reviens donc pas sur son histoire.
Edouard LOROIS, suite à de "bons et loyaux services", est nommé Préfet du Morbihan en 1830 et le restera 18 ans, le temps de faire de "bons et loyaux travaux", entr'autres deux ponts: notre pont (1844) qui portera son nom - une exception - et celui de la Roche-Bernard (1839): les préfets semblent donc demeurer longtemps dans leur département, le temps de mener à bien les décisions prises...
Donc 1844: point difficile d'imaginer les facilités qu'il va occasionner pour nos riverains d'alors qui, pour la moindre raison d'importance, devaient contourner la rivière par Landévant et ...revenir.
Mais 1844 est loin, plus proche de nous est 1956: le nouveau pont est inauguré en septembre, en grandes pompes comme on sait le faire en France et après que des camions chargés de tout ce qui pèse aient démontré, à la queue leu leu, la solidité du nouvel édifice.
Ayant assisté personnellement à cette journée, je me permets de parler un peu de moi:
j'avais neuf ans et venais de rentrer de colonie de vacances (à St Nic Pentrez, en face de là où j'habite actuellement...). L'abbé Mallet, de Riantec, qui nous avait - tant bien que mal - dirigé durant cette colonie, avait eu la gentillesse de nous inviter à cette inauguration, histoire de se revoir entre petits copains: ainsi, nous fumes placés tout près des autorités, condamnés donc à la sagesse!
Avant que le pont ne soit reconstruit, les riverains devaient prendre le passeur - un nommé Le Chat, peut-être - le courant était violent et spectaculaire, il m'arrivait de le prendre quand j'allais avec mon grand-père chez le coiffeur avant la route de Saint Cado, on ne prenait ce passeur qu'en cas de nécessité...
Dès que le pont fut ouvert, s'opéra une mue spontanée:
- beaucoup des ouvriers de Plouhinec travaillant dans les ateliers d'Etel et qui s'arrêtaient chaque soir à la buvette de ma grand-mère à Toul Chican (route de la Barre) achetèrent un vélomoteur pour passer par le pont,
- Monsieur Alexandre, de Belz, passa le pont pour vendre à vélo ses journaux, Miroir des Sports, Nous deux, le Pélerin, entr'autres...lire ici,
- Les autocars étellois inaugurèrent la ligne de Lorient via le pont avec un des arrêts chez ma grand-mère,
- le dimanche, la jeunesse allait au bal et prenait le car conduit par Tintin, l'après-midi pour Tréauray, le soir pour Landévant...autant l'aller était un peu braillard, autant le retour était silencieux...et romantique...
- on vit le docteur Formal, de Belz, faire des incursions de l'autre côté du pont,
- mes parents, pour faire refaire leurs peintures, allèrent naturellement voir un peintre du Pont Lorois à toucher le rond-point actuel,
- quand les serres Duret s'installèrent, on allait acheter plans et fleurs, tout aussi naturellement,
- les femmes s'embauchèrent aux Délices de Saint Cado, aux usines d'Etel,
...etc...si certains d'entre vous peuvent ajouter....
Et puis, c'est naturel en somme, les gens commencèrent à se fréquenter, bâbord se mit à lorgner côté tribord et vice-versa, des unions - j'en fus - se formèrent, des mariages, des repas de mariage au "Beau Rivage", une communauté se formait, se reformait...
Oui, aujourd'hui, je suppose que l'un des noms de famille les plus prononcés en dehors du cercle de sa propre famille est le nom de Lorois, du Pont Lorois, tout pimpant et solide pour bien des années encore, il est devenu l'artère, le lien qui lie tout le peuple "au bord et aux abords de la rivière"!
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| Edouard LOROIS 1792- 1863 |