LES DELICES DE SAINT CADO
Monsieur LE DOUARIN crée une usine à Kernio en BELZ en 1938:
il a choisi Belz pour se rapprocher des lieux de débarquement pour la pêche et
de maraîchage pour les légumes et, aussi, parce que son épouse en était
originaire: Ainsi sont nés LES DELICES DE SAINT CADO, usine de conserves de
légumes, fruits, thon et sardines, principalement.
En 1949, son fils, Gaston LE DOUARIN prend la direction de
l'usine et ce jusqu'à sa fermeture en 1982.
Gaston LE DOUARIN |
"Les jeunes
commençaient à l'usine dès 14 ans. L'effectif, constitué de 120 femmes,
atteignait 134 personnes en saison. La durée de travail variait avec les
saisons. En pleine production nous travaillions jour et nuit. Les ouvrières
chantaient la nuit pour ne pas s'endormir. Avec ma femme, nous apportions à
minuit des grandes cafetières de café.
C'était un
autre temps, en 1949 il y avait quatre voitures à Belz... La vie dans le bourg
était rythmée par l'usine. La messe se tenait le dimanche soir pour permettre
au personnel d'y assister. Nous nous connaissions tous très bien.
Je me
souviens, qu'une des ouvrières se maria à Quiberon. Nous y sommes allés dans un
camion que je conduisais. J'avais installé des bancs à l'arrière, c'était la
fête. [extrait Ouest France]"
"« Quand du poisson arrivait, la sirène
retentissait, et les ouvriers se précipitaient pour prendre leurs postes »,
rapporte l'ancien responsable de l'usine qui, en pleine saison, employait
jusqu'à 125 personnes. La sirène à vapeur était installée sur le toit, tout
près de la grosse chaudière, mais « elle ne sonnait pas si souvent qu'on le
raconte : « Quand la mer était trop plate, les sardines ne se péchaient qu'au
coucher du soleil ; les femmes savaient que les bateaux ne débarqueraient que
vers 22 h. Elles venaient donc devant l'usine et tricotaient en attendant,
c'étaient tous des gens de chez nous, on se connaissait tous ».Travail dur,
ambiance familiale.
Ainsi le travail était-il ardu : « Ce
n'étaient pas les 35 h, plutôt 60 à 70 h par semaine, y compris le dimanche
matin ! », se souvient un des anciens responsables de l'usine, « mais malgré la
fatigue et les horaires fous, les gens gagnaient assez bien ». Ce travail,
effectué toujours debout, c'était, pour le poisson, d'abord l'étripage, puis le
saumurage, la mise en grille, le séchage, la cuisson et le passage dans
l'huile. Et pour rythmer ce travail dur, se rappelle une ouvrière, « on n'avait
pas le droit de blaguer, mais on chantait, en breton comme en français, de
tout, même des cantiques à Sainte-Anne ! Et à la fin, on avait de la musique,
c'est le patron qui mettait des disques quand les filles blaguaient... » Cette
histoire des conserveries, de celle de Kernio et des autres du secteur, est
aussi rappelée avec détails et témoignages, dans tout un chapitre du récent
ouvrage de Gilles Millot et Gérard Turpin, « Ria d'Etel, histoire des gens de
mer »" (Hengoun éditions). [extrait Le
Télégramme]
Et c'est en 2007 que l'usine sera détruite malgré l'avis de
l'Architecte des Bâtiments de France. Ainsi aura vécu une époque, celle des
épiciers en gros qui durent céder devant un Edouard Leclerc et autres, celle où
les femmes, souvent épouses de marin trouvèrent un travail, un salaire, une
indépendance, ainsi se sera tue définitivement la sirène à vapeur qui doit
encore, en souvenir, résonner dans certaines oreilles.
Après fermeture
La boite bien connue, vendue dans les petites épiceries