Mars 1935 - 15 veuves et 22 orphelins de moins de 12 ans - Ouest-Eclair




En complément aux articles sur la tempête de 1930, cet article, presque 5 ans plus tard, il est publié, bénéficiant des progrès de l'OCR (meilleure reconnaissance des caractères, notamment des journaux anciens). Par Retronews


LE TRAGIQUE BILAN DE LA DERNIÈRE TEMPÊTE: DEUX DUNDEES DU PORT D'ETEL SONT CONSIDÉRÉS COMME PERDUS CORPS ET BIENS
15 veuves et 22 orphelins de moins de 12 ans

Lorient, le 13 mars 1935

La mer vient encore de plonger dans le deuil la vaillante population maritime d'Etel qui, dans la catastrophe de 1930, avait compté tant de marins tragiquement engloutis. Deux dundees ne sont pas rentrés depuis bien des semaines de tempête la Noëlly et le Ker-Zina. Et voici que, comme en 1930. à l'Inscription Maritime d'Auray, au Syndicat des marins d'Etel, à la mairie de la vaillante commune maritime. on se penche sur les rôles d'équipage dont voici le funeste bilan.

A Etel, on a espéré, tous ces jours derniers, et l'Ouest-Eclair partageait cet espoir, communiant avec tout son cœur avec les familles. Aujourd'hui, la tristesse reflète partout, car tout espoir semble perdu et l'on frémit devant ce tableau poignant de 15 veuves, 22 orphelins, tous âgés de moins de 12 ans et 3 enfants qui ne sont pas encore nés. 
Le dundee Noëlly disparu compte: 
  • Le patron, Sonnic Marcelin, d'Etel, deux enfants;
  • les matelots:
  • Denis Alphonse, sans enfant, de Belz;
  • Le Brun Ernest. d'Etel, un enfant;
  • Bonnec Pierre, deux enfants, d'Etel;
  • Le Rolle Ferdinand, un enfant, d'Etel;
  • Huitel Robert. novice, célibataire.
Le dundee Ker-Zina, disparu, compte: 
  • Le patron, Rio Armel, d'Etel, deux enfants;
  • les matelots Le Maux Nicolas, un enfant et un autre attendu;
  • Le Port Joseph, trois enfants;
  • Lofficial Pierre, un enfant et un attendu;
  • Le Mignant André, deux enfants et un attendu;
  • Le Bozec François, trois enfants
  • Guillas René, novice.
Emportés. en outre, par la mer à bord de L' Arthur -Rolland, le matelot Guillevic, de Belz, un enfant; sur la Fleur-de-Lorraine, le matelot Belz Julien, un enfant. d'Etel; sur la chaloupe Arétus, d'Auray le matelot Kermorvant, deux enfants, domicilié à Belz.

NOTRE VISITE AUX AUTORITÉS
Nous nous sommes rendus dans l'après-midi à Etel, où nous avons vu M. Marrec, maire et M. Pichot, président du Syndicat des Marins à la part du vaillant port si éprouvé.
Avec M. Marrec, nous avons évoqué les tragiques événements vécus en 1930. L'honorable maire nous remercie cordialement de vouloir bien nous intéresser à ces nouveaux drames de la mer qui endeuillent toute une population.
Vous n'avez plus d'espoir lui demandons-nous.
Hélas Non. Nous avons reçu, tant sur le Noëlly que sur le Ker-Zina, des échos qui ne peuvent pas prêter au doute.
J'ai vu M. Le Gouar, l'administrateur de l'Inscription maritime d'Aurmy en le priant de faire diligence pour le secours à apporter aux familles des disparus.
J'ai demandé également le bienveillant concours de l'Association Professionnelle des Journalistes de l'Ouest qui, l'été dernier, avaient visité notre port.
Nous comptons 17 hommes disparus, 15 veuves, 22 orphelins. Trois enfants doivent venir au monde en avril ou mai prochains.
Je demande également au grand journal qui nous a tant aidé après la catastrophe de 1930, à L'Ouest-Eclair, de vouloir bien également intéresser ses lecteurs au sort de nos veuves et de nos orphelins.
Nous avons donné au dévoué maire d'Etel, dont l'émotion faisait impression, l'assurance que nous signalerions, avec le plus grand empressement, la situation qu'il nous a dépeinte en termes si émouvants.
M. Pichot nous a donné également quelques détails sur l'état matériel des familles.
Toutes sont dignes d'intérêt, toutes méritent, comme celles de 1930, qu'on s'intéresse à elles.
A l'Inscription maritime, M. Le Louer, l'aimable préposé, que nous avons trouvé également très attristé, prépare les pièces réglementaires à la constitution des dossiers, en vue des premiers secours à demander au ministère de la Marine Marchande. Mais ceux-ci sont bien faibles et les besoins sont grands. Aussi faisons-nous à tous nos lecteurs le plus pressant appel en leur faveur.
UNE SOUSCRIPTION EST OUVERTE ON PEUT DÈS MAINTENANT ADRESSER LES SOUSCRIPTIONS À M. MARREC, MAIRE D'ETEL, OU À M. PICHOT, PRÉSIDENT DU SYNDICAT DES MARINS DU PORT D'ETEL, CHÈQUE POSTAL 75-35 À NANTES.
L'Ouest-Eclair s'inscrit pour mille francs.


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