HistoRia - Auray - La Closerie de Kerdrain. Histoire d’une transmission
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HistoRia - Bien des riverains doivent conserver un bon souvenir de ce grand restaurant, son assiette et son verre, bien sûr, l'intérieur noble, la cour toujours ensoleillée, en commençant par un accueil et un service attentionnés. Bonne et longue chance Anne-Sophie et Anthony Jéhanno
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19/11/2018 Le Telegramme
Les travaux ont débuté à la mi-octobre
à La Closerie de Kerdrain,
rachetée par Anne-Sophie et
Anthony Jéhanno (restaurant TerreMer).
« Le projet d’une vie » pour le
couple de restaurateurs, comme ce
fut le cas pour leurs prédécesseurs,
Martine et Fernand Corfmat, qui
avaient ouvert cette ancienne
maison bourgeoise au public en
1988.
Histoire d’une transmission.
Les artisans s’activent depuis la mi-octobre à La Closerie de Kerdrain. Le terrain de 2 000 m² et
son ancienne maison bourgeoise de 650 m²,
cachés derrière un long mur en pierre, rue Louis Billet,
dans le centre-ville d’Auray, ont été
rachetés par Anne-Sophie et Anthony Jéhanno.
Le couple de restaurateurs alréens (Terre-Mer) y
investit 500 000 € de travaux pour rénover de
fond en comble les 295 m² de salles et de
cuisines situées aux rez-de-chaussée.
« Que ça reste un restaurant »
La petite famille, qui attend un deuxième enfant,
vient d’emménager à l’étage de cette bâtisse datant de 1620, progressivement agrandie
autour d’une ancienne tour de garde du château
de Kerdrain. « Pour nous, c’est vraiment le projet
d’une vie. Habiter au-dessus de notre restaurant
est devenu indispensable à notre équilibre entre
vie personnelle et professionnelle », explique
Anthony Jéhanno, qui a trouvé avec la Closerie
de Kerdrain un lieu à la hauteur de son ambition
de chef étoilé.
C’était aussi celle de Fernand
Corfmat, son prédécesseur, qui, à l’heure de
prendre sa retraite, ne souhaitait pas « vendre à
n’importe qui » : « Je voulais que cela reste un
établissement accueillant du public, et
idéalement un restaurant ».
Martine et Fernand Corfmat avaient acheté cette
maison en septembre 1987. « En novembre, ,
c’était la fameuse tempête », se souvient le
couple, comme si c’était hier. Ils se lancent alors
dans de grands travaux : 70 % de la charpente est
à refaire, ainsi que la totalité de la toiture, mais
aussi le tout-à-l’égout, le chauffage et
l’électricité. « On a campé pendant quelques
mois ». Jusqu’à l’ouverture du restaurant, en
mars 1987 (?). Ce n’est que la deuxième affaire du
couple, qui a tenu Le Lys, de 1982 à 1987, rue du
Maréchal-Leclerc, à Vannes.
Natif d’Auray,
Fernand Corfmat a saisi cette opportunité d’y
créer une belle table à son image. « Il n’y avait
pas beaucoup de restaurants gastronomiques à
cette époque et il y avait une certaine attente
dans le secteur. Cela a tout de suite fonctionné. Il
faut dire que la déviation de Saint-Goustan (RN
165) n’existait pas encore et que toutes les
voitures passaient devant chez nous pour
traverser la ville ».
Ancienne permanence
de Christian Bonnet
L’un des premiers et des plus fidèles clients de la
maison fut sans conteste Christian Bonnet,
ancien maire de Carnac (de 1964 à 1996) et
ministre de l’Intérieur (de 1997 à 1981) et de
l’Agriculture (de 1974 à 1977). Et pour cause :
l’épouse de Jean Le Gousse, ancien président
national de la conchyliculture qui a revendu la
maison au couple Corfmat, était sa secrétaire.
Christian Bonnet y tenait parfois sa permanence
de conseiller général du canton de Belle-Île (de
1958 à 2002). « Au restaurant, il mangeait
toujours la même chose : foie gras, sole meunière
et tarte aux pommes », raconte Fernand Corfmat,
qui a vu passer plusieurs ministres dans ses
cuisines. Et quelques célébrités : les acteurs
Catherine Deneuve, Michel Blanc, Gérard Jugnot
et Pierre Arditi, le présentateur Patrick Poivre
d’Arvor ou encore le navigateur Olivier de
Kersauzon.
Avant de prendre sa retraite cette année, Fernand
Corfmat a côtoyé trois générations de grands chefs morbihannais. De Georges Paineau (Le
Bretagne à Questembert) à Anthony Jéhanno
(Terre-Mer à Auray), en passant par Jacques
Thorel (L’Auberge bretonne de La RocheBernard),
Jean-Paul Abadie (L’Amphitryon à
Lorient) et Bernard Rambaud (Le Pressoir à
Saint-Avé). Il a été l’un des premiers à cultiver
son propre potager pour alimenter ses assiettes,
dès la fin des années 80, et un pionnier des
circuits courts et de la saisonnalité en cuisine. Un
héritage que ne renie pas aujourd’hui son
talentueux successeur.