ÉTÉ 1939 | BRANDERION ...PHOTOS, MUSIQUE ET FILM
La foule se presse sur la place pour voir le concours de danses où jouent Le Mouilloür et Danvic, Brandérion, le 30 juillet 1939 , un mois avant la déclaration de guerre. *** |
Cette mission a, notamment, été menée à Brandérion, proche de la rivière d'Etel [les amateurs de généalogie ont du remarquer que beaucoup d'enfants de cette région - non pourvus dans les héritages - devaient prendre leur bâton de pèlerin pour trouver du travail autour de la rivière et fonder les familles dont beaucoup d'entre nous descendent.
Les liens utiles sont donnés dans les SOURCES pour les personnes désirant en savoir plus: l'article se limite à la publication de photos - légendées des noms de famille, ce qui est rare - puis au film muet mais accompagné de musique lors des danses.
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FILM
...Pour passer de la Coiffe Vannetaise à celle de Lorient, allez à 11.33 mns
Ecouter aussi les chants...cela vient de très loin et est disparu à jamais...
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Ecouter aussi les chants...cela vient de très loin et est disparu à jamais...
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Quelques photos, d'autres en consultant SOURCES
Dans la propriété de Monsieur de Goulen. Procession de sainte Anne : retour à la chapelle, Brandérion, le 30 juillet 1939
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[journal de route de Jeannine Auboyer] 26 juillet - Brandérion, Plunuret, Sainte-Anne-d'Auray, Landévant
Nous avons été au pèlerinage de Sainte-Anne-d'Auray où les costumes très divers s'étaient réunis; nous avons pris de nombreuses photos (128 à 136) [on note qu'elles ont été prises à Pluneret où les enquêteurs se seraient trouvés, semble-t-il, avant d'aller au pèlerinage]
Arrivés [à Brandérion] vers 18h [étant de retour de Sainte-Anne-d'Auray et, en passant à Landévant, ayant photographiée la rue principale - photo 137], nous avons tenu conseil pour l'organisation du travail ici. Nous espérons qu'il sera possible dimanche 30 d'assister à la répétition du feu de joie qui a eu lieu au début de cet après-midi et auquel nous n'avons pu assister puisque nous n'avions pas été prévenus.
27 juillet - Brandérion
Matin et après-midi: enregistrements, notations musicales et linguistiques des femmes Le Bihan, Nicolas et Peuvion (photos 154 à 161). [chants 74 (M. Le Bihan, J. Nicolas et J.-L. Peuvion), 75 (J.-L. Peuvion), 76 (M. Le Bihan, J. Nicolas et J.-L. Peuvion)] [J. Auboyer omet de signaler l'enregistrement des chants 78 (Y. Guéguen), 77 (P. Capitaine) et 79 (P. Capitaine) photo 163]
Après le déjeuner, visite au comte de Goulen maire de Brandérion, dans le parc duquel se tient le feu de sainte Anne. Il consent "à titre tout à fait exceptionnel" à ce qu'un nouveau feu soit exécuté dimanche, jour de la fête locale (avec lundi) dans le pré habituel; ce jour-là, il y a chaque année une procession de reliques: seul le parcours en sera changé pour nous.
Nous avons remarqué qu'on appelle habituellement les femmes mariées par leur nom de jeune fille; elles ne mentionnent celui de leur mari que si on le leur demande.
Mme Guennec, notre logeuse, épicière, nous a dit ce soir que les mariages se font généralement le mardi; qu'on n'observe aucun des rites spéciaux observés à Surzur, ni soupe au lait. On danse cependant devant les débits après la sortie de l'église; le repas se donne dans une salle ou un hangar par les soins d'un traiteur.
Ici, beaucoup de maisons sont couvertes en chaume (photos 127 et 141). Tous les enfants parlent couramment le breton tandis qu'à Surzur ils ne savent que le français.
28 juillet - Brandérion, Morbihan
Matin et après-midi: enregistrements [chant 80 (Marianne Le Touz, Marie Le Touz, M.-J. Morantin), 81 (J.-M. Le Touz), 82 (Marianne Le Touz), 83 (M.-J. Morantin)], notations musicales et linguistiques chez (photo 142) M. et Mme Le Touz (photos 143 et 146) avec Mme Morantin (photo 144), sœur de Mme Le Touz et la jeune Marie Le Touz (photo 145).
En allant, photo d'un puits daté 1864 (photos 138 et 139) mais dont la pierre faîtière qui est datée a été seule replacée: par tradition, les vieux bourgs connaissent ce fait; or M. l'abbé Falc'hun a retrouvé la pierre faîtière originelle déposée par terre dans les herbes de l'autre côté de la route sur le bord de laquelle le puits est situé (photo 140); l'ancienne pierre en question est datée 1770. Il y a à Brandérion plusieurs puits de ce type, celui-ci étant le plus beau, et tous datant de la fin du XVIIIe siècle; plusieurs portent un décor d'ostensoir et de croix voire de têtes humaines, presque effacé. Il semble qu'il y ait eu vers cette époque un fait qui a déterminé la construction de ces puits. La pierre faîtière est décorée d'imbrications ou de dents de scie qui paraissent copier un ancien auvent de bois; actuellement elle est remplacée par un auvent métallique à 2 pans rectilignes.
A déjeuner, comme nous avions gardé nos sabots achetés à Surzur, Mme Guennec, notre logeuse, nous a dit avec un peu de mépris que c'était une forme vieux jeu et qu'ils n'étaient pas à la mode; or ils ont été fabriqués à Auray et étaient ce qu'il y avait de plus "up to date" à Surzur.
L'après-midi, enregistrements, notations musicales et linguistiques, photos chez Philomène Le Gall femme Capitaine (photos 162 et 163, qui a été enregistrée la veille également), repasseuse [chant 84 (P. Capitaine), 85 (P. Capitaine)].
Après le dîner, travail et enregistrements [chant 86 (A. Guionvarho), 87 (A. Guionvarho et J. Evanno), 88 (A. Le Bris), 89 (A. Le Bris)] jusque 0h45.
29 juillet - Brandérion, Languidic, Le Baudry, Quinipily
En vue de la fête de demain, nous avons été à la recherche de deux sonneurs de biniou et bombarde qui nous avaient été signalés et que nous désirions filmer et enregistrer. Pour les trouver nous avons dû aller d'abord à Languidic puis au Baudry.
A Languidic, M. l'abbé Le Bouil nous donne des renseignements intéressants sur la région: avant d'habiter une maison neuve, on égorge un coq et on arrose le sol de la maison avec son sang; M. Le Bouil précise qu'il connaît des personnes du bourg qui n'habiteraient jamais dans une maison neuve où l'on n'aurait pas fait ce rite; pourtant, de plus en plus, on procède à la bénédiction de la maison, mais alors sans faire l'arrosage avec le sang de coq. On signale les auberges par une boule de gui au dessus de la porte. Dans toute la région on offre du grain au moment du pardon de Notre Dame des Fleurs, en général un "mino" (un sac qui pèse 50 livres); l'annonce de cette offrande est faite en chaire, on remet l'argent au curé qui le verse à l'entretien de l'église et pour les pauvres. A sainte Avoie on offre des poulets blancs (exclusivement) pour le pardon à la place du grain. En ce qui concerne les mariages, on n'observe plus aucune des particularités recueillies à Surzur mais on danse devant les débits. Au sujet de ces renseignements M. l'abbé Falc'hun nous signale qu'au Léon on incorporait à la maçonnerie un chat ou un crapaud vivant et il pense qu'on pourrait encore trouver un maçon qui l'a fait ou vu faire. La bonne du presbytère de Languidic dit qu'à Pontivy, on offre un repas de fin de construction de la maison aux maçons.
Nous avons ensuite été au Baudry à la recherche du sonneur de biniou Le Mouillour [dont le nom est bien "Mouillour" et non "Le Mouillour", mais cela n'a pas été corrigé par l'abbé Falc'hun qui l'a pourtant écrit sans "Le" sur son propre carnet de terrain], neveu de Loeïz Herrieu. Il n'était pas chez lui, mais sa mère nous a reçus; elle nous a raconté que son père était sonneur professionnel et que ce métier avait à ce moment mauvaise réputation; sa mère aurait cru se damner si elle avait épousé un tel homme aussi lui fit-elle promettre qu'il ne jouerait plus; il lui promis; avant leur mariage, il sonnait à un mariage le jour de la déclaration de guerre de 1870; en l'apprenant, il jeta sa bombarde par dessus la chapelle et avant de se marier, il donna l'autre à un de ses amis. Or sa fille, Mme Le Mouillour actuelle a retrouvé ces deux instruments, celui l'un qui avait été jeté par dessus la chapelle entre les mains d'un vieux berger qui en savait la provenance et l'avait réparé, l'autre chez un voisin et son fils Noël les conserve pieusement étant sonneur lui-même.
Pour trouver Noël Le Mouillour nous avons dû aller à une manufacture de papier au-delà de Baudry où il est actuellement ouvrier; il viendra demain avec son compagnon Danvic, joueur de bombarde, habitant de Saint Barthélemy.
En revenant à Brandérion nous avons fait un détour pour voir la "Vénus" de Quinipily (cf. Guide bleu "La Bretagne", 1929, p. 546); c'est une statue (photo 182) de style égyptien érigée sur un très haut socle portant des inscriptions romaines ou pseudo-romaines (Venus armoricum) et du XVIIe siècle (1696 AD.); son socle était traversé par une source qui alimentait un bain situé en dessous; la construction actuelle semble dater du XVIIe siècle, la statue doit être une copie de statue d'Isis. La légende racontée par le guide bleu nous l'a été textuellement par l'abbé Le Bouil.
30 juillet - Brandérion
En fin de matinée, après la sortie de la grand' messe, enregistrement [chant 90 (M.-A. Le Niliot)] de Mme Le Niliot (photo 151).
Après le déjeuner, film [séquence 8] des sonneurs Le Mouillour (biniou) et Danvic (bombarde). Le Mouillour portait le costume de Baud et Danvic celui de Saint Barthélémy (photos 165 et 166).
Vers 15h, reconnaissance sur le lieu du feu de joie. Il n'y avait encore personne. Le bûcher était dressé vers le centre du pré; il consistait en quelques fagots dressés verticalement autour du tronc d'un jeune pin aux branches duquel étaient attachées de grosses fleurs en papier (photos 169 et 170). La procession se forme à partir de la chapelle de Ste Anne; elle va dans le pré et fait le cercle autour du bûcher (photos 171 à 173). Les sonneurs qui étaient venus pour nous ont été invités à la précéder et ils se sont avancés vers le bûcher qui a flambé assez rapidement (photo 174) enflammant l'arbre qui a été transformé en torche sous l'action du vent [séquence 9]. Pendant que le feu brûlait, les sonneurs ont joué (photo 175). Puis la procession est repartie dans le même ordre qu'à l'aller par un autre chemin (photos 176 à 178), ce qui lui fit accomplir à peu près un cercle.
Pendant ce temps la fête communale commencée dès le matin se poursuivait. A la sortie des vêpres, c'est-à-dire après que la procession soit revenue à la chapelle, le comité des fêtes demanda à nos sonneurs de sonner (photo 167) pour accompagner les concours de danse (cf. programme, p.28 du cahier original). Filmé ces danses dans des conditions assez difficiles (photo 168) [séquence 10 - après les sonneurs, la danse continue, avec un accordéoniste cette fois].
Ensuite, nous avons enregistré MM. Le Mouillour et Danvic [biniou-bombarde 1, 2, 3, 4 et 5], ayant établi notre matériel chez Alfred Le Bris (photo 149, et sa famille, photos 151 et 164).
Pendant ce temps, sur la place se tenaient les concours de chant [séquence 11]; vers 19h nous avons pu enregistrer les 3e et 4e prix de ce concours, les frères Congratel (photo 148) [chant 91 (L. Congratel), 92 (J.-M. Congratel)].
31 juillet - Brandérion, Squivit
N'ayant pas pu enregistrer hier le 1er prix du concours de chant, nous avons été chez son frère (Paul, photo 81) ce matin qui sait la même chanson [chant 93 (P. Le Roux) et 94 (P. Le Roux)], à Squivit, petit hameau aux toits de chaumes (photos 179 et 180).
L'après-midi, à partir de 15h nous avons présenté le travail accompli jusqu'ici par la mission à MM. Buléon, Le Maréchal, Le Cam, Loeïz Herrieu, etc. La liste des disques choisis pour l'audition avait été dressée pendant le déjeuner et jusqu'à 15 h en nous basant sur la qualité des enregistrements. Cette liste est dans le dossier de la Mission Basse-Bretagne sur le terrain [non retrouvée dans les archives].
Pendant que cette séance se poursuivait, des photos complémentaires étaient prises de Mmes Le Bihan, Nicolas, Capitaine, Penvion (photos 154 et 163).
Le soir, de 21h à 23h45, enregistrements [chant 95 (Y. Gueguen), 96 (J. Le Roch), 96 bis (J. Le Roch), 97 (J.-M. Le Touz), 98 (A. Le Bris), 98 bis (Y. Gueguen), 99 (J. Le Roch), 100 (J.-M. Le Touz), 100 bis (J.-M. Le Touz)], notations musicales et linguistiques de MM. Guéguen, Jean Le Roch (photo 152), Le Touz, Le Bris; à propos de M. Guéguen, il nous avait chanté une chanson le 27 juillet (voir chant 78) qu'il avait apprise d'un mendiant sortant pour la 12e fois de prison et qui s'accompagnait en chantant et jouant des doigts sur son bras comme sur un biniou.