Le Moulin et l'hydrolienne
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Le Moulin et l'hydrolienne
Il y a fort longtemps, un homme peut-être - même sans doute - influencé par son épouse, décida de construire un moulin.
Beaucoup, avant lui, avaient pris coutume de construire deux moulins: un mû par le vent, bien rond avec son toit arrondi, comme celui de Monsieur Seguin, l'autre mû par le courant, le courant de la marée à l'aller et au retour; ainsi garantie était donnée que, sans relâche, le grain fourni serait toujours moulu.
Ainsi fut fait, disons à Nostang, au moulin du Palais où un de mes ancêtres fut meunier ou, en tout cas, y naquit.
Que se passa-t-il ensuite et point besoin de consulter les archives? Le paysan fut fort aise d'avoir moins de chemin à parcourir pour livrer son grain, le boulanger ou les villageois qui faisaient eux-mêmes leur pain au four banal furent du même avis et, ainsi, une main invisible pourvut à cette nouvelle économie locale: les gens, les animaux se mirent à aller et venir, qui pour le grain, qui pour la farine, qui pour le pain.
Le maquignon, le maréchal-ferrant s'occupèrent du cheval qui, lui aussi, allait et venait, le charron fournit la charrette, tous s'arrêtaient à l'auberge qui n'avait jamais autant travaillé, tous embauchèrent…des jeunes forts et vaillants qui firent de forts et vaillants beaux enfants, qu'il fallut nourrir, habiller, cela donna du travail aux couturières, aux rebouteux, aux guérisseurs et autres sorciers, le curé fit requête à l'évêché d'être aidé d'un jeune vicaire, une école devint nécessaire, des maîtres et des "mères" religieuses furent dépêchés, les colporteurs, face à ces temps nouveaux, prenaient pension et s'attardaient au village, bref, l'aile d'un modeste papillon avait déclenché une tempête de vie.
Même si c'est passablement condensé, çà a du se passer ainsi, une nouveauté positive répandait une succession d'effets positifs et chacun s'en retrouvait un peu moins malheureux.
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Aujourd'hui, il est question d'installer une hydrolienne au niveau du Pont Lorois, des essais déterminants vont commencer au printemps, encore une fois, le courant de notre rivière sera appelé à améliorer le sort des humains: cette énergie gratuite au captage présenterait des avantages, sa quasi-invisibilité, son absence de pollution et de déchets, en se demandant tout de même si le lieu ne sera pas sanctuarisé, s'il y sera encore possible de pêcher ou plus simplement d'y passer.
Le grain de cette énergie nouvelle, entre quelles mains passera-t-il? Nous n'en verrons sans doute pas la couleur et n'en sentirons pas l'odeur, tout au plus pourrons-nous espérer quelques emplois CDD à temps partiel pour une maintenance et une surveillance quelconque, non ne rêvons pas, le café de Porh Niscop n'en verra pas sa clientèle exploser, le transport d'énergie n'affectera pas les tabliers du Pont relooké, sans doute même cette énergie puisée de l'eau ira je ne sais où pour revenir au bord et aux abords de la rivière, bien mélangée aux énergies fossiles et autre nucléaires![1] C'est ainsi, aujourd'hui, on déshabille Pierre pour habiller…tout le monde, on ne sait plus à qui s'adresser pour demander: "de mon courant, que me donnes-tu en contrepartie?"
[1] - En lien avec la reconversion de la Glacière, il est prévu d'installer – à un point visible du public - une mini-hydrolienne dite Clément du nom de son inventeur lorientais - dans un premier temps une machine de démonstration – qui alimenterait la Glacière en énergie pour une partie de son éclairage…là, au moins, on saura où va le courant du courant....